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L’essentielle transition du Théâtre Am Stram Gram

Désireux de jouer un rôle actif face aux défis environnementaux et sociétaux, depuis plusieurs années, le Théâtre Am Stram Gram revoit pas à pas ses modes de fonctionnement. Un engagement important qui témoigne du rôle précieux de cette institution dans le paysage culturel. 

 

« Ce lieu est essentiel ». Voilà la pensée qui me vint, à l’instant même de quitter le Théâtre Am Stram Gram en cette fin d’après-midi ouatée. En abandonnant cette institution genevoise partenaire de l’enfance et la jeunesse, dirigée par Joan Mompart. Ce lieu à l’architecture atypique où le spectacle est « augmenté », ainsi capable de raisonner au-delà du plateau, d’irradier encore après le tombé du rideau.



Une prouesse rendue possible par la manière dont l’équipe du lieu aborde le public ; ici, la jeune génération est un partenaire. Un contradicteur, parfois. Un débatteur aussi souvent que possible. Ceci notamment dans le cadre de réunions baptisées agoras : « Des espaces de dialogue intergénérationnels », ainsi que les qualifie le directeur des lieux, Joan Mompart. Des parenthèses où l’on débat, l’on chante, l’on danse, l’on s’essaie à des performances dans un environnement sécurisant. Et la panoplie d’outils à vocation de tenter de muer l’éphémère en tenace, l’impalpable en concret, ne s’arrête pas là. Am Stram Gram ce sont aussi des conférences, un projet de médiation, des ateliers de théâtre, la diffusion de productions, l’accueil de jeunes créateurs de contenus ou encore des expositions. Bref, du terreau à échange, de l’engrais à partage.

 

Un nom barbare

Une offre impressionnante qui évolue au gré des saisons et de leurs thématiques souvent dictées par les enjeux sociétaux du moment. Il s’agissait, par exemple, de réchauffement climatique pour l’une des agoras de 2021. Et c’est d’ailleurs dans ce contexte que commença la collaboration entre le Théâtre Am Stram Gram et Delphine Avrial. « À cette époque, elle travaillait à l’implémentation de la démarche et du label Très Haute Qualité Sanitaire, Sociale et Environnementale (THQSE) dans le milieu culturel », explique Joan Mompart. Un nom barbare qui pour d’aucuns pourrait évoquer une multitude d’exigences, d’objectifs et d’investissements. Mais pas pour de l’équipe du Théâtre Am Stram Gram pour qui cette démarche, aussi exigeante soit-elle, évoqua alors des valeurs humaines, un engagement envers les générations futures, une cohérence avec le travail effectué saison après saison, le sens des responsabilités et la volonté d’agir concrètement pour une transition écologique et sociale.


« Nous avons donc décidé d’effectuer un audit en 2022. Celui-ci nous a permis d’obtenir un premier diagnostic et d’identifier les actions à mener. Les résultats se sont avérés plutôt positifs. Bien sûr, il y avait beaucoup de choses à faire, mais nous disposions d’une bonne base », se remémore le directeur. Le processus est alors lancé et, depuis, toujours accompagné par Delphine Avrial mais désormais dans le cadre du programme EcoEntreprise, le Théâtre Am Stram Gram est engagé dans une démarche Responsabilité sociétale des organisations (RSO) qui est ancrée dans la stratégie générale de l’institution.  

 

Pas à pas

Joan Mompart

Un engagement qui a débuté par l’identification des secteurs sur lesquels se concentrer et la rédaction d’une feuille de route. Un élément essentiel lorsque l’on sait la variété des domaines qu’englobe une démarche RSO ; de la qualité de vie au travail à l’accueil du public, de la numérisation au choix des prestataires, de la consommation énergétique au menu du bar. 

« Oui, c’est un travail important, mais nous avançons pas à pas, image Joan Mompart. La certification est bien sûr un objectif, mais ce n’est pas une urgence. Le fait de pouvoir avancer par étape était d’ailleurs un argument important. Il y a des choses que l’on peut changer rapidement et d’autres qui demandent plus de temps ou sur lesquelles nous avons peu ou pas de maîtrise ». Une approche pragmatique qui s’est avérée payante si l’on en croit le nombre impressionnant d’actions réalisées à ce jour par l’équipe du Théâtre Am Stram Gram (voir ci-dessous). 

 

Confronter ses partenaires

Des réalisations qui permettent aujourd’hui à l’institution d’entrevoir une certification d’ici à deux ans. Mais là n’est sans nul doute pas le plus important, puisque la véritable réussite du Théâtre Am Stram Gram est d’ores et déjà acquise : celle d’imposer, à l’instar de ce qu’il propose chaque année au travers de son offre, un débat sur ces enjeux cruciaux que sont la durabilité et la sobriété. Non seulement dans le milieu culturel, mais dans l’entier de sa sphère d’influence. Et ceci en questionnant aussi bien ces partenaires et fournisseurs que son public ou son milieu professionnel. Qu’ainsi en demandant à un imprimeur de retirer la cellophane autour de ses envois, à des artistes de travailler sur des temps plus longs ou à un atelier de recycler des bâches en cahiers, l’équipe du Théâtre Am Stram Gram transforme, une fois encore, l’impalpable en concret. Oui, pour sûr, de la scène aux coulisses, cette institution est un magnifique terreau à échange, un formidable engrais à partage. Et ne serait-ce que pour cela, ce lieu est assurément essentiel. 


 Quelques actions menées à ce jour

  • Diminution du nombre de spectacles programmés sur une saison ; ralentissement du rythme afin de permettre aux artistes de travailler sur des temps de création plus longs, et permettre à toutes les équipes — artistiques, administratives, techniques — d’avancer plus sereinement.Diminution du nombre de brochures de saison imprimées.

  • Diminution des impressions à l’interne, privilégier les impressions en noir et blanc, choix d’un papier labellisé et recyclé.Limitation de l’envoi de matériel promotionnel

  • Location d’une fontaine à eau raccordée au réseau d’eau potable de la Ville de Genève, achats de gourdes en bioplastique pour les artistes qui n’auraient pas la leur et suppression des commandes de bouteilles d’eau.Création d’un document sur les bonnes pratiques en numérique durable et sobriété́ numérique à l’attention l’équipe administrative.Échange avec les partenaires et prestataires sur les enjeux sociétaux et environnementaux.  

  • Choix de prestataires et de fournisseurs en fonction de leurs engagements sociétaux et environnementaux.

  • Installation de poubelles de tri dans tous les espaces du théâtre.Mise en place d’un système de contenants réutilisables pour les repas des équipes.Remplacement de la lessive par une lessive bio fabriquée à Genève et choix de produits d’entretien plus respectueux de l’environnement.

  • Affichage de la charte de la FRAS pour lutter contre le harcèlement.Réalisation d’un diagnostic énergétique de l’enveloppe du bâtiment.Travaux électriques, notamment afin de diminuer la consommation d’énergie.

  • Installation de détecteurs de mouvements dans les toilettes pour une utilisation de la lumière uniquement sur demande.Installation dans tout le bâtiment de robinets poussoirs afin d’économiser de l’eau.Création d’un sondage à l’intention des enseignant·es pour créer du matériel pédagogique au plus proche de leurs attentes et besoins.

  • Participation à de nombreux ateliers et rencontres autour de la durabilité dans le milieu culturel afin de partager de bonnes pratiques et une réflexion commune.

  • Recyclage des bâches promotionnelles afin de les transformer en trousses et cahiers Recyclage des oriflammes de saison en les offrant à une fondation qui fabrique de petits objets en tissu.Donation des affiches restantes après les spectacles.

Raphaël Muriset

 

L’agence Avrial


Delphine Avrial travaille depuis 17 ans dans le secteur culturel en Suisse. Elle a notamment été responsable de communication durant 9 ans au Théâtre Equilibre-Nuithonie à Fribourg, chargée de projet pour la coordination des États généraux de la culture à Vevey et assistante de direction au Théâtre de l’Orangerie à Genève. Entre 2020 et 2023, Delphine Avrial a travaillé comme indépendante à l’implémentation de la démarche et du label THQSE – Suisse avec une spécialisation dans le secteur culturel, en étroite collaboration avec l’agence française Primum Non Nocere, créatrice et gestionnaire de ce projet. Depuis septembre 2023, elle collabore avec Globalité Management pour mettre en place un partenariat visant à développer la certification EcoEntreprise dans le secteur culturel en Suisse.



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